Franco Zeffirelli

Zeffirelli, Franco

Franco Zeffirelli morreu a 15 de junho de 2019, aos 96 anos. No Le Monde, Jean-Luc Douin recorda assim o cineasta italiano:

Réalisateur de nombreux opéras filmés, l’assistant de Luchino Visconti au début de sa carrière, est mort samedi à Rome à l’âge de 96 ans. En 1968, il avait remporté deux Oscars pour son film « Roméo et Juliette ».

Franco Zeffirelli
Franco Zeffirelli au Metropolitan Opera Guild, à New York, le 31 mars 2008. HENNY RAY ABRAMS / AP

Etrange généalogie que celle de l’homme qui vient de disparaître à l’âge de 96 ans, samedi 15 juin, dans sa résidence de Rome, des suites d’une longue maladie. Sa mort a suscité une vague d’émotion dans sa ville natale de Florence, mais aussi dans le milieu du cinéma et de la culture, dont il était une figure marquante.

Désigné par deux historiens italiens comme l’un des trente-cinq descendants de Léonard de Vinci (qui n’eut jamais d’enfants, mais de nombreux frères et sœurs), Franco Zeffirelli portait un nom inventé de toutes pièces par sa mère, férue de Mozart. Ce fils illégitime d’Alaide Garosi, dessinatrice de mode, et du marchand de laine et soie Ottorino Corsi, ne pouvait endosser aucun des patronymes de ses géniteurs, tous deux coupables d’infidélité conjugale.

A Florence, il existe un orphelinat dit des Innocenti, où les femmes ayant mis au monde un enfant non désiré viennent le déposer sous anonymat. Déclaré né le 12 février 1923, sous le nom de Franco Zeffiretti, en hommage aux zéphyrs d’un air de l’opéra Idomeneo, il se retrouve nommé Franco Zeffirelli à cause d’une erreur d’écriture. Et néanmoins surnommé toute sa vie « zéphyr léger ».

A cet héritage de deux génies (Vinci, l’artiste touche à tout de la Renaissance, Mozart, le virtuose prodige de Salzbourg), s’ajoute bientôt celui d’un maestro du théâtre. Se retrouvant placé chez une gouvernante à l’âge de 6 ans, l’une de ces Britanniques exilées en Toscane qui prenaient le thé chaque jour au café Doney, et que l’on surnommait « scorpioni » à cause de leur humour mordant, il est initié à William Shakespeare, dramaturge essentiel dans sa filmographie. Cet épisode de sa vie sera porté à l’écran en 1999 dans Un thé avec Mussolini [Um Chá com Mussolini].

« Scénographe oui, metteur en scène, jamais »

Ses études le destinent à l’architecture, mais Franco Zeffirelli se pique aussi de faire du théâtre, et c’est en voyant ce blond florentin au sourire charmeur dans Les Parents terribles, de Jean Cocteau, qu’il met en scène, que le cinéaste Luchino Visconti en tombe amoureux. Il le refait jouer l’année suivante, en 1946, dans Crime et châtiment [Crimem e Ca, de Gaston Baty, d’après Dostoïevski. Zeffirelli devient son assistant, au cinéma pour La Terre tremble, en 1948, Bellissima, en 1951, Senso, en 1954.

Lorsque Visconti monte Comme il vous plaira, de Shakespeare, en 1948, sur des décors de Salvador Dali, Zeffirelli est l’homme de main des deux créateurs, à l’affût d’un objet, de tissus, d’accessoires, et chargé de renouveler chaque jour bonbons et gâteaux (Visconti et Dali exigent que sur scène, les acteurs ingurgitent de vraies sucreries). Il est propulsé décorateur sur Troïlus et Cressida, de Shakespeare, en 1949, puis sur Les Trois Sœurs, de Tchekhov, en 1952.

Le temps de la collaboration entre le noble milanais, de dix-sept ans son aîné, et l’orphelin raffiné de Florence est tumultueux. Volontiers en proie à des colères jupitériennes, Luchino Visconti traite ses assistants « comme des bêtes », même s’il sait aussi leur insuffler le sens de la responsabilité. Les rapports entre le cinéaste proustien et ses amants sont par ailleurs rythmés par des périodes de jalousie, d’humiliations. « Scénographe oui, metteur en scène, jamais », aurait déclaré Visconti à propos de Zeffirelli. Visconti aime brider les ambitions de ceux qui font naître en lui des passions, Zeffirelli en fait l’expérience.

La disgrâce va sonner en 1956, lorsque Visconti accuse Zeffirelli de lui avoir « volé » La Callas, plusieurs fois mise en scène par ses soins. Alors qu’elle a chanté cinq fois pour Visconti à la Scala de Milan, y compris dans La Traviata, en 1955 et 1956, La Callas confie en effet à Zeffirelli le soin de la diriger à son tour dans La Traviata, en 1959, dans Tosca (1964), dans Norma (1965), opéras filmés.

Mais ce qu’ignore Visconti, qui a un rapport viscéral avec ses actrices, c’est le caractère irrationnel du choix de La Callas qui, « bouleversée » et choquée d’apprendre que Visconti est homosexuel (c’est lui qui lui confesse un jour), le rejette, le fuit. Ignore-t-elle que son nouveau complice est homosexuel lui aussi ? Et comment tombera-t-elle ensuite sous le charme de Pasolini ? Peut-être est-ce la façon d’être de Visconti qui la hérisse, son langage obscène, ordurier ?

Foi religieuse et opinions de droite

Les mises en scènes d’opéra de Franco Zeffirelli sont inégalement appréciées. En 1966, à New York, la critique éreinte sa création d’Anthony et Cleopatra, de Samuel Barber, qui inaugure la salle d’opéra du Lincoln Center. Ses réalisations cinématographiques connaissent aussi des fortunes diverses. Sa Mégère apprivoisée, d’après Shakespeare, avec Elizabeth Taylor et Richard Burton (1967) est un succès, son Roméo et Juliette (1968) un triomphe, couronné par deux Oscars. Son adaptation du drame de Vérone est la première qui ose distribuer deux acteurs ayant vraiment l’âge des rôles, Olivia Hussey, 16 ans, et Leonard Whiting, 17 ans. Zeffirelli signera un Othello (version Verdi) avec Placido Domingo (1986), et un Hamlet avec Mel Gibson (1990). Ainsi qu’un Jane Eyre avec Charlotte Gainsbourg (1996). Et une Callas avec Fanny Ardant (Callas Forever, 2002).

Sa foi religieuse le pousse à un autre versant de son œuvre cinématographique : un hymne à François d’Assise (François et le Chemin du soleil, 1972), plus rutilant que l’admirable version austère de Roberto Rosselini. Et un Jésus de Nazareth, série télévisée de six heures, plébiscitée par le pape Paul VI, bénie par le Vatican, adoubée par le Collège rabbinique de Londres et l’Institut coranique de Meknès. Crèche en clair-obscur hollandais, imagerie académique pour une distribution luxueuse : Robert Powell en Jésus, Laurence Olivier en Nicodème, Peter Ustinov en Hérode, Anne Bancroft en Marie-Madeleine, Anthony Quinn en Caïphe, Rod Steiger en Ponce Pilate, Claudia Cardinale en femme adultère… Zeffirelli est un esthète, il joue sur le goût du spectacle, la fidélité au sens spirituel du récit.

Mondain dans l’âme, Zeffirelli était connu pour ses opinions de droite. Il marqua le débat public par des déclarations fracassantes contre l’avortement, se fit élire sénateur plusieurs fois sous l’étiquette Forza Italia à partir de 1994. Nommé Chevalier commandant de l’ordre de l’Empire britannique en 2004, puis couronné Premio Colosseo en 2009 par la Ville de Rome, il s’était vu confier en 2015 par Mateo Renzi une aile de l’ancien tribunal de Florence, pour accueillir sa fondation. Une collection de croquis, de notes préparatoires à ses décors d’opéras, d’affiches de ses films, et d’ouvrages d’art, d’habits de scènes… Le Covent Garden lui avait précédemment offert un espace pour ces archives, mais à ses yeux, il n’y avait qu’à Florence qu’il pouvait laisser sa trace.

Dates

12 février 1923 Naissance à Florence

1948-1954 Assistant de Luchino Visconti

1959 La Traviata

1967 La Mégère apprivoisée [A Fera Amansada]

1968 Roméo et Juliette [Romeu e Julieta]

1977 Jésus de Nazareth [Jesus de Nazaré]

1996 Jane Eyre

2002 Callas Forever [Callas, a Diva]

15 juin 2019 Mort à l’âge de 96 ans

***

||| A pretexto da morte de Zeffirelli, textos do Diário de Notícias, do Observador [os melhores filmes de Franco Zeffirelli], do El País/Brasil, Público.

||| Pequeno extrato de Romeu e Julieta:

 

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